Captain-cookie

C a p t a i n - c o o k i e

Mercredi 14 mars 2012 à 13:59

 Le mariage, à mes yeux, a toujours représenté une comédie. Mes parents étaient des soixante-huitards, ils m'ont décrit la chose comme une convention bourgeoise, un serment puéril, une "farce nuptiale". Par ailleurs, même s'ils s'aimaient profondément, partageaient leur quotidien et m'ont élevé ensemble, la notion d'exclusivité leur était étrangère. Chacun a eu des histoires parallèles. Surtout mon père. Finalement, lorsqu'il a atteint ses 46 ans, l'une de ses "amours accessoires" a pris le contrôle du cockpit "elle avait 25 ans) et, six mois après, il se mariait dans l'église d'un village de la Beauce. J'étais là, je trouvais ça grotesque. Ma mère était dévastée. Au bout de quelques années et après une petite soeur de vingt et un ans de moins que moi, les tourtereaux ont divorcé, et là, c'est mon père qui a été dévasté (et allégé de beaucoup d'argent.) Abîmé, amer, vieilli et seul. 

Résultat des opérations: à 20 ans, les promesses d'amour éternel devant Dieu ou devant monsieur le maire et sa couperose me faisaient bien ricaner. Pourtant, à peine mes études finies, je me suis retrouvé devant un pasteur, un oeillet à la boutonnière, en train de jurer d'aimer une femme "jusqu'à ce que la mort nous sépare". Nous étions dans une petite ville très laide de l'Illinois. Mais contrairement au rebondissement d'un film américain, hélas, personne n'a surgit des travées pour s'opposer à l'union. Ils se sont tus, ces imbéciles. Lorsque nous nous sommes regardés dans les yeux, Elizabeth et moi, après l'échange des anneaux, et que j'ai vu ses yeux plein de petits coeurs, de poneys ailés et d'étoiles clignotantes, j'ai compris que quelque chose avait dérapé. Que je m'étais fait avoir. Car tout ça, c'était bidon. Elizabeth m'avait proposé -cette grande âme- de m'épouser pour que je puisse obtenir ma green card et le droit de rester aux Etats-Unis.

En sortant de l'école de commerce, un sentiment de panique à l'idée d'entamer une carrière m'avait siphonné le cerveau, et j'avais décidé de devenir acteur. Mieux que ça: devenir acteur et partir prendre des cours aux States. Donc, après avoir lancé à la cantonade "Moi j'me casse aux States" dans tous les bars de la ville, je me suis effectivement cassé aux States. New York, cours de théâtre, studio dans un immeuble en brique rouge, exaltation, Central Park à l'automne, beaucoup d'alcool, Shirley, Kim, Marsha, Dulce, Chiyoko, Jasmine, Kayla, Megan, Trinity. J'avais un succès de malade. Je parlais beaucoup de Godard. J'attrapais des MST bénignes. J'étais le roi du monde. Mais mon visa allait expirer. La nuit, je faisais des cauchemars: j'étais dans une carriole qui m'emmenait vers la guillotine. Elizabeth était une des filles de ma classe. Elle a manifesté beaucoup de compassion pour moi. Elle disait: "Non, ils n'ont pas le droit ! Ca serait un crime de briser ton destin d'artiste !" Une fois, elle a tourné la tête et pleuré alors que nous parlions de ma terrible situation. Je l'aimais beaucoup, mais elle était moche, donc je ne couchais pas avec elle. C'était, par la force des choses (et, je le sus plus tard, de manière indépendante de sa volonté) une amie. 

Lorsqu'elle m'a proposé de faire un mariage blanc pour avoir mes papiers, son geste m'a bouleversé. Altruisme pur de toute ambiguïté, car, pour elle, j'étais "comme un frère". Les choses se sont enchaînées très vite, car le temps était compté. Comme ses parents étaient assez conventionnels, elle ne pouvait pas leur dire la vérité. D'un autre côté, nous ne pouvions pas faire ça en petit comité discret, car pour les services d'immigration, j'avais besoin d'un album de photos de noces, de preuves, en cas de contrôle. Il fallait aussi que nous aménagions ensemble. C'était pratique du reste, vu le prix délirant des loyers. Lorsqu'elle ma présenté ses parents et ses quatre soeurs, j'ai été gêné. Sa mère n'arrêtait pas de nous regarder avec émotion, comme si elle contemplait un couple de bébés phoques. Son père m'a emmené à l'écart boire un whisky et m'a défoncé une omoplate en me tapant dans le dos: "Enfin j'ai un fils". Le problème, c'est qu'à ses meilleures amies non pus il ne fallait pas dire la vérité. Elle aussi étaient très conventionnelles, selon Elizabeth. Elles n'en avaient pas l'air, mais bon. Je voulais tellement rester aux Etats-Unis que je préférais ne pas relever. Elle me chouchoutaient comme le Messie, l'une d'elles m'a dit : "Votre histoire est tellement belle, ça me redonne espoir!" 
"Mmmmmrrrrffff", ai-je répondu avec un sourire crispé. La cérémonie s'est déroulée comme dans un rêve, mais ce n'était pas le mien. Il y avait plein de demoiselles d'honneur avec des pantes sur la tête. Après, nous avons ouvert le bal. Les gens ont réclamé qu'on s'embrasse. Elle a gloussé, rougi, et nous nous sommes exécutés. Pendant que je remuais ma langue dans sa bouche, elle se collait à moi de tout son corps et je la sentais littéralement vibrer. C'était horrible.

Puis nous avons entamé notre vrai-fausse vie conjugale. Je résume elle s'est mise au bout de quelques jours à me faire des scènes si je ne rentrais pas, ou si je rentrais tard dans la prévenir. Ses meilleures amies, qui ne savaient toujours pas la vérité, venaient nous visiter et il fallait jouer la comédie. Je devais faire coucou derrière elle lorsqu'elle parlait sur Skype avec ses parents. J'ai rencontré une autre fille qui me plaisait elle a fouillé mon téléphone et l'a appelée pour lui dire que j'étais marié. La fille ne m'a pas cru lorsque je lui ai donné des explications. Elizabeth me faisait des crises terribles.

Evidemment, elle a fini par me menacer de me dénoncer aux autorités. Quant à moi, mon rêve d'être acteur s'était dégonflé, la France me manquait, et je n'avais aucun boulot intéressant en vue aux Etats-Unis. Direction l'aéroport. American Airlines. Arrivé à Roissy, lorsque j'ai présenté mon passeport et que j'ai passé le sas, j'ai comme décidé d'effacer cet épisode de ma mémoire. De toute façon, je n'avais aucune envie de me marier je pouvais occulter l'histoire. Pendant dix ans, j'ai mis ça de côté. Mais aujourd'hui, j'ai rencontré Aurélia. Elle est enceinte, et je me dis qu'il faut que je retrouve Elizabeth. Car si je reviens sur mes convictions (sait-on jamais...à, je ne veux pas me rendre coupable de polygamie. J'espère que mon épouse new-yorkaise est moins timbrée qu'avant. Parfois, je me dis qu'elle est peut-être morte. C'est affreux, mais ça ne ferait pas de moi un un veuf éploré. 

Grazia - Propos recueillis par Judith Sababa

Mardi 13 mars 2012 à 23:24

Tous tes textes étaient avec cette police d'écriture.  
Tu sais, ça me fais encore mal quand je repense à nous deux. Tu as fait partie de ma vie pendant tellement d'années. On était comme cul et chemise, comme on dit. C'était tellement bon de passer du temps avec toi, tellement bon. J'ai eu mes plus gros fous-rires avec toi, mes plus grandes joies; on a partagé toutes nos peines également pendant toutes ces années. Je t'ai perdu tant de fois que j'ai arrêté de les compter. Enfin, tu m'as perdu tant de fois, que j'ai arrêté de les compter. Tu as tout brisé, tout gâché, tant de fois. Je ne pouvais plus, je n'arrivais plus à te courir après sans cesse pour recoller les morceaux. Allez, c'est pas grave, remettons les compteurs à zéro et repartons pour de nouvelles aventures. 
Qu'est ce qu'on a vécu ensemble. On est devenu des adultes ensemble. On a fait nos premières expériences ensemble. 
J'ai commencé à consumer mon futur cancer avec toi. Tu comptais tellement les jours comme un compte à rebours. Tu comptais les jours à reculons, comme si tu allais t'éteindre la seconde qui suit. Je ne compte plus les fois où tu as essayé de t'éteindre. Tu te complaisais dans ton immense malheur. Tu t'y complaisais tellement que je n'arrivais plus à te suivre. Et on s'est tellement fait mal à cette époque.  Je t'ai perdu si rapidement, c'était tellement bref. Tu m'as filé entre les doigts.
Je regretterai toujours au fond de moi de t'avoir perdu. Je sais que j'ai fais le bon choix en te disant que je partais, et que je ne reviendrai pas cette fois. Je sais que c'était le meilleur choix à faire, pour toi comme pour moi. 
Merci pour ces années de bonheur, merci d'avoir enchanté ma vie avec ton rire, tes bruitages insensés. Et tes News qui te brûlaient l'oesophage, et ta camisole chimique comme tu avais l'habitude de le dire. 
Merci pour ces années de rires, de pleures. Merci pour ces vacances à la campagne que je n'oublierai jamais. Merci pour ces heures au téléphone alors que nous habitions à deux pas. Merci pour ces heures de défonce, pour ces pétards qu'on s'est fumé et pour tous les autres qu'on n'a pas eu le temps de fumer. Je t'aime, je t'aimerai toute ma vie. 
 Je déteste te croiser parce que même si je ne te pardonnerai jamais, même si jamais je ne reviendrai, tu manquera toujours à ma vie. 

http://captain-cookie.cowblog.fr/images/lookrihannavideowefound-copie-1.jpg

Mardi 13 mars 2012 à 1:43

 Bien entendu, ça aurait été plus aisé si l'on n'avait rien tenté. J'aurais pu continuer à me complaire dans mon mensonge pendant que tu aurais continuer à le combattre sans cesse. Ca aurait été évidemment plus simple d'en rester là. Bien sûr j'aurais continué à m'en sortir, à tenir le coup. Je n'aurais pas excessivement avancé. 
Bien sûr imaginer maintenant ce qu'aurait été ma vie sans tout ça, c'est inimaginable, ça n'a pas de sens. 
Je pense qu'elle aurait été assez vide, cette vie. Un endroit qui ne contient rien, où il n'y a personne. Un désert inhabité, stérile. Un creux superficiel. 
Je pense qu'elle aurait été assez vide. J'aurais regretté toute ma vie de ne pas avoir tenté. J'aurais regretté toute ma vie de ne pas m'y aventurer.
Et quoi ? Je vais pas passer ma vie à hurler que ma vie sans toi et plus difficile que jamais.
 L'attente est interminable. 

Apparemment j'ai les yeux qui brillent quand je parle de toi

Mardi 13 mars 2012 à 0:17

  There’s really not so much to tell. She was 29, showing signs of doing well. For herself, she never spoke of feeling sad. Was, oh, so close with the family and friends she had around her. 

But she went quietly, she didn’t make a sound. She went quietly with the wish not to be found. She went quietly without a word of where. Just a note that wrote “forgetting is easier”. 

Years have follen since the day she wrote the note and chose to float away into the ether. Someone said they saw her south at the coast, on the river’s mouth. But only briefly. 

‘Cos she went quietly, she didn’t make a sound. She went quietly with the wish not to be found. She went quietly without a word of where. Just a note that wrote “forgetting is easier”. 

Out of the blue in the pouring rain. To my doorstep, old and cold, today she came with her story. I asked her in but she declined. Had just one single thing to get off her mind. And that was "sorry".

http://captain-cookie.cowblog.fr/images/willhunting3.jpg
[Texte : Charlie Winston - She went quietly]
[PIx : Will Hunting]

Dimanche 11 mars 2012 à 16:11

  The cling and a clang. Is the metal in my head when I walk. I hear a sort of, this tinging noise: cling clang, the cling clang. So many things happen while walking. The metal in my head clangs and clings as I walk. Freaks my balance out. So the natural thought is just clogged up, totally clogged up. So we need to unplug these dams and make the the natural flow. It sort of freaks me out, we need to unplug the dams. You cannot stop the natural flow of thought with a cling and a clang.  
[Gorillaz - Stop The Dams]

The stars, the moon, they have all been blown out. You left me in the dark. No dawn, no day, I'm always in this twilight, in the shadow of your heart.
[Florence & The Machine - Cosmic Love]

First you say you love me, then you wanna leave me, then you say you're sorry. You play the game so well. 
I bought your illusion. You're the greatest salesman. How could I refuse you when you sold it to yourself.
Are you walking the dog, 'cause that dog isn't new. Are you out of control, is that dog walking you? Haven't you had enough, now your time is up. Baby show me your hell.
Voices start to ring in your head. Tell me what do they sayDistant echoes from another time start to creep in your brainSo you're playing 'round, it's like it's a rewind. You blew it so often that you start to believe it.
You have demons so nobody can blame you.
 But who is the master and who is the slave? 
[Madonna - Voices]

<< Page précédente | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | Page suivante >>

Créer un podcast